jeudi 10 décembre 2020

Chez les francophones de la résistance

 Bonjour!

Après avoir voyagé tout l'été 2019 dans 5 provinces canadiennes dans le but d'y rencontrer des communautés francophones, j'ai écrit un bref récit de mon aventure. Une aventure qui m'a permis de parcourir tout autant les méandres de mon monde intérieur que les innombrables chemins du territoire canadien Je me décide enfin à le publier, après plus d'une année d'inactivité sur ce blogue. Dans ce court texte, je ne prétends aucunement présenter un portrait objectif de la situation des francophones en minorité linguistique. Il y a des experts pour traiter « objectivement » de ces questions. Ici, place aux expériences vécues, aux impressions, aux interrogations, à tout ce qui se faufile entre les mailles de l'objectivité...   

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Chez les francophones de la résistance


Ils mènent d'incessantes luttes pour la survie de leur langue et de leur culture. Leur disparition est annoncée à tout vent, statistiques à l'appui. Ils se battent malgré tout, ils résistent. Ce sont de fiers francophones. Je suis allé à leur rencontre, je vous raconte...

Comme beaucoup de Québécois, la réalité des communautés francophones canadiennes et acadiennes m'était pour ainsi dire inconnue. C'est à l'automne 2018 que s'est éveillée ma curiosité à l'endroit de ces communautés. Tout a commencé lorsque Mme Denise Bombardier a affirmé, sur le plateau de l'émission Tout le monde en parle, qu'à travers le Canada « les communautés francophones avaient à peu près disparues ». J'ai d'abord cru sans réserve à la véracité des déclarations de Mme Bombardier, compte tenu de la notoriété dont elle jouit. Mais on se souviendra des nombreuses réactions qu'ont déclenché ses propos dans les communautés concernées. Des réactions qui, si elles ne permettaient pas de réfuter d'un seul coup l'opinion de la chroniqueuse, révélaient à tout le moins la présence bien réelle de plusieurs îlots francophones dans l'océan anglophone que forme le Canada.

Quelques semaines après cet évènement télévisuel, un autre évènement, plus grave celui-là, amenait les communautés francophones à se manifester à nouveau. Cet évènement, c'est celui que les franco-Ontariens ont nommé « le jeudi noir de l'Ontario français ». Sous le couperet du gouvernement conservateur de Doug Ford, adieu Commissariat aux services en français! adieu Université de l'Ontario français! À cette occasion, on a vu une impressionnante mobilisation chez les franco-Ontariens eux-mêmes, mais aussi chez les francophones de partout au Canada. Était-ce là la manifestation d'un véritable désir d'exister en français au milieu de l'anglophonie? Curieux, je me suis mis à la recherche d'informations sur la francophonie canadienne et acadienne.

« L'apprentissage n'épuise jamais l'esprit »

Léonard de Vinci, esprit universel

Et plus j'apprenais, plus je ressentais de l'empathie envers ces communautés qui ont maintes fois défendu la légitimité du « fait français » au Canada et qui, encore, doivent le faire. Une vague d'émotions m'envahissait peu à peu. Moi qui ai si souvent fait de ma rationalité, un refuge, et de ma tempérance, une maitresse, je me surprenais à éprouver un sentiment d'indignation et un fort désir d'agir, si peu que ce soit, aux côtés de ces francophones. Il faut dire que depuis un certain temps, quelque part dans l'incubateur de ma conscience, s'avivait un désir de défier ce petit gendarme ennuyeux qui m'habite et qui s'affaire depuis toujours à réglementer ma vie. Je sentais qu'une énergie nouvelle pouvait lui faire contrepoids, l'énergie, peut-être, d'un petit être coloré oublié au fond de mon âme; un petit être qui sait toucher la vie, mais dont le souffle était encore gêné par mes hésitations.

Ce n'était qu'une question de temps! Une poussée bien sentie me vint de l'intérieur, un projet vit le jour: partir à la rencontre des communautés francophones canadiennes et acadiennes. J'achèterai une minifourgonnette, je l'aménagerai pour le camping, et je roulerai vers l'Ouest dès l'été prochain, puis vers l'Est en 2020.

« La curiosité est une gourmandise, voir c'est dévorer »

Victor Hugo, poète, romancier


Devant moi, un hiver et un printemps pour me préparer. Il fallait d'abord localiser ces communautés francophones, identifier des associations qui les représentent, des personnes qui accepteront de me rencontrer. Appels lancés ici et là sur différents réseaux de communication et, rapidement, des résultats surprenants: de nombreuses invitations venues de partout au Canada! Je devais ensuite acheter une minifourgonnette et l'aménager. Astuce: devenir membre de ces communautés virtuelles formées par des voyageurs qui rivalisent d'imagination pour faire de leur véhicule un lieu habitable. On y trouve une multitude d'idées d'aménagement. On n'y apprend aussi les rudiments d'une philosophie de vie, celle du « savoir se nourrir des petits bonheurs tout près de soi » à laquelle nous convie le nomadisme.

Voilà, tout est en place. Départ prévu au début du mois de juin 2019. Voyager seul, avec une connaissance plutôt faible de l'anglais, tout en adoptant un mode de vie des plus sobres... Est-ce bien moi? Étrange sensation que celle d'avancer sans ses repères habituelles!

« J'accepte la grande aventure d'être moi »

Simone de Beauvoir, philosophe

L'aventure s'appelle Rouler franco, une aventure que je fais connaitre grâce à mon blogue et à un compte Instagram bien alimenté par ma fille Gabrielle. M'exprimer, me prononcer, recevoir les commentaires de certains lecteurs et, qui sait, peut-être avoir à souffrir les réactions épidermiques de quelques-uns d'entre eux, voilà un réel défi pour la personne plutôt timide que je suis. Allez! L'heure n'est plus au doute!

Comme le veut la tradition chez les « vanneux » (ainsi se désignent-ils eux-mêmes, ces voyageurs en « van » et en « minivan »), je dois baptiser ma minifourgonnette. Tiens! elle s'appellera Dolorès. Dolorès, c'était le nom de mon enseignante de français en secondaire I. Elle a marqué mon histoire d'amour avec la langue française ce jour où elle a encensé l'un de mes poèmes devant la classe. Souvenir impérissable! Il me faut aussi un compagnon de voyage, un ami en cas de sauve-qui-peut, comme l'était Wilson pour Chuck Noland, incarné par Tom Hanks dans le film Seul au monde. Toi, petit castor souriant, emblème du Canada par surcroît, tu joueras ce rôle! Lucien sera ton nom! Lucien, c'était le nom de mon père, ce petit homme déterminé et inébranlable.

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Shawinigan, lundi matin, 10 juin, je pars. Je suis fébrile, J'ai un rendez-vous important aujourd'hui même. Ne fallait-il pas commencer cette aventure avec force et sens? À 15 heures, je rencontrerai Amanda Simard, la députée ontarienne de la circonscription de Glengarry-Prescott-Russell. Vous vous souvenez de Mme Simard, celle qui a démissionné avec fracas du parti conservateur de Doug Ford après que son gouvernement eut retiré des services en français à la minorité francophone? Je tenais à saluer cette jeune femme, à souligner son courage et son intégrité. Une femme fidèle à ses valeurs, capable de se lever pour défendre une cause juste, voilà qui suscite au plus haut point mon admiration.

« Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage »

Périclès, homme d'État athénien (495-429 av. J-C)


Me voilà à Embrun, là où elle habite. Nous avons rendez-vous au Expérience café et smoothie bar. J'arrive à 15 heures pile, elle y est déjà. Enjouée, allumée, fibre politique on ne peut plus vibrante. Nous parlons pendant plus d'une heure de la situation des francophones minoritaires et, évidemment, des politiques dévastatrices du gouvernement Ford. Quelle rencontre inspirante!

. . .


Tonifié par cette expérience, j'ai poursuivi ma route avec confiance et enthousiasme. La force étant, j'ai pu débarrasser mon âme de quelques-uns de ses encombrements.

Je roule, je roule et devant moi ma vie se déroule
Fiori chante à tue-tête
Mes souvenirs frappent à la fenêtre
Je pleure, je ris
Mon âme sourit
 Tiens! se dit-elle, je suis en vie!


Voyager avec sa maison impose une certaine lenteur. L'escargot et la tortue le savent bien. Quelques jours m'ont cependant suffi pour que j'y prenne goût. Le temps de constater que la lenteur est la mère de la présence au monde, de l'émerveillement, de tous ces états poétiques tués par l'agitation, par la vitesse.

À côté, un autre monde s'active. Les réseaux sociaux se déchainent: mes photos circulent, mes propos se répandent. Textos et courriels convergent vers mon appareil présumé intelligent. Étrange dépossession à laquelle je ne suis pas habitué. Voilà maintenant que des journalistes m'interpellent. Ils s'intéressent à mon aventure. Pourquoi? Allez donc savoir! J'ose une entrevue téléphonique avec une journaliste de ICI Ontario, basée à Toronto. Le doigt dans l'engrenage! Pas moins d'une douzaine de demandes d'entrevues ont suivi: radio, télé, Web, journaux locaux de toutes les provinces vers lesquelles je me dirigeais. Je n'y comprends rien! Poser la question demeure sans doute la meilleure façon d'obtenir une réponse: mais pourquoi donc cette aventure si personnelle vous intéresse-t-elle? « Quand un Québécois s'intéresse à nous sans nous juger, on a envie de le connaitre » me répondait-on le plus souvent.

. . .

Entre le Québec et la Colombie-Britannique, quatorze milles kilomètres roulés à bord de Dolorès, en compagnie de Lucien. Des résistants, j'en ai vu, j'en ai entendu. Je sais maintenant que ces francophones comprennent bien leur situation. Ils connaissent les données statistiques et les théories plutôt pessimistes des sociolinguistes, et ils admettent, pour la plupart, que la menace d'assimilation est bien réelle. Aussi se souviennent-ils des coups déloyaux qui leur ont été assénés et de la résilience dont ils ont dû faire preuve pour reconquérir leur dignité. Ils se sont battus et s'attendent à devoir se battre encore, et peut-être toujours, pour la survivance de leur langue et de leur culture. Nombreux sont ceux qui croient résolument en leur pouvoir d'insoumission, nombreux aussi sont ceux qui doutent, qui craignent qu'un jour une fatigue insurmontable ne s'empare d'eux et n'affaiblisse leur volonté au point de la rendre inerte. Pour l'heure, un seul mot d'ordre: agir sur tous les fronts, occuper tous les espaces. Avant tout, aimer sa langue, oser la parler, faire assaut d'éloquence. Et s'il le faut, savoir manier les armes, toutes les armes : politiques, juridiques, médiatiques, communautaires. La pudeur n'est plus de mise. Question de vie ou de mort!

C'est Réal, un citoyen de Terrace Bay, au Nord-Ouest de l'Ontario, qui a été le premier à me faire prendre conscience des misères de la langue française en pays majoritairement anglophone. Autour d'une table du Drifters Restaurant, là où il m'a invité à le joindre, Réal se raconte. Je l'écoute, je cherche à comprendre l'intention de son message. Amour de sa langue, désir presque viscérale de la parler, voilà pourquoi il a voulu me rencontrer. Un amour qui prend racine dans ses souvenirs d'enfance. Il se souvient d'une langue enveloppante, celle qu'il parlait à la maison, chez lui, dans le Nord-ontarien. Il se souvient aussi qu'il la parlait avec ses oncles et ses tantes, ses cousins et ses cousines, à qui il rendait visite, au Lac St-Jean, ce berceau francophone aux accents typiques. Le français des doux moments, le français « langue maternante » pourrions-nous dire. « De nos jours, me dit-il manifestement inquiet, pour nous, francophones minoritaires, parler en français, c'est devenu une décision qui revient à chacun, et une décision de chaque jour ». Sa crainte de perdre le précieux bien se laissait facilement deviner.

« [...] dans les sociétés modernes pluralistes, 
les appartenances primordiales tendent à disparaitre. 
Au sein des communautés francophones minoritaires, 
de plus en plus urbaines et bilingues 
où les individus sont inscrits dans des réseaux multiples, 
le fait d'appartenir ou non à la francophonie devient un choix ».

Joseph-Yvon Thériault, sociologue, professeur et chercheur à l'UQÀM *


Réal a probablement soulevé le principal enjeu auquel sont confrontées les minorités francophones de son pays. Que pouvons-nous espérer de nos combats, se demandait-il en filigrane, sachant très bien qu'en contexte minoritaire, la langue qu'il aime ne se voue le plus souvent qu'aux choses utiles et qu'à son rôle de traductrice. La survivance est-elle le point d'arrivée que nous souhaitons pour notre langue? Et cette langue peut-elle même survivre sans son âme, c'est-à-dire sans cette vie que lui insufflent jour après jour la culture qui l'habite, l'histoire qui la porte? Rien n'est moins sûr...

À la fin de ce voyage, une chose demeure évidente cependant: je pourrai dire qu'au cœur des plus beaux paysages que l'on puisse voir en ce pays, j'ai rencontré des gens accueillants qui m'ont beaucoup appris au sujet de la francophonie canadienne. Et je m'y suis aussi rencontré... 

« J'ai fait de plus loin que moi un voyage abracadabrant,
il y a longtemps que je ne m'étais pas revu,
me voici en moi comme un homme dans une maison, 
qui s'est faite en son absence,
je te salue, silence
je ne suis pas revenu pour revenir,
je suis arrivé à ce qui commence »

L'homme rapaillé, Gaston Miron, poète




* Joseph-Yvon Thériault, Sociologie et figures identitaires de l'Acadie et des minorités francophones du Canada. p 49. http://centre-mcd.uqam.ca/upload/files/Publications/JYT/1996-Figures-identitaires-Acadie-francophonies.pdf   


Plus de 50 articles à lire sur ce blogue - avec photos, reportages, etc. Explorez-le!
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 En route!


Aménager Dolorès (pour plus de détails sur l'aménagement,
 explorez l'onglet « Bienvenue à bord »)


Apprivoiser Lucien, mon compagnon de voyage.


Dans les camping, dans les cafés,
alimenter mon blogue jour après jour.



Vivre dehors matin et soir...



... soir et matin !

Quelques moments mémorables:

Ontario - Ma rencontre avec Amanda Simard
(article du 11 juin 2019)



Ontario - Avec Sylvia Bernard, directrice de La clé, devant une bâtisse chargée d'histoire.
Il y a 40 ans, un combat épique y était mené pour obtenir une école francophone.
(articles du 18 et du 21 juin 2019)




Ontario - Réal, c'est lui! (Deschatelet est son nom).
Une rencontre touchante et marquante.
(article du 26 juin 2019)



Manitoba - Jacinthe Blais et sa famille me reçoivent chez eux.
Jacinthe édite le magazine numérique Le Nénuphar
(article du 7 août 2019)


Saskatchewan - Martin Prince me reçoit à sa ferme.
Le voici dans son champ de lin
(article du11 juillet 2019)


Saskatchewan - Festival fransakois 
Denis Desgagné, un homme très engagé dans son milieu,
 m'a fait connaitre des dizaines de personnes qui ont le français à cœur.
(article du 10 juillet 2019)


Alberta - Grâce à Jean-Claude Giguère, j'ai pu visiter les principaux attraits d'Edmonton. 
Un homme engagé et connaissant en matière de francophonie.
Nous avons partagé un repas au Café bicyclette, à la Cité francophone.
Il m'a aussi invité à une magnifique soirée spectacle.
(article du 13 juillet 2019)


Alberta - Sur la route des glaciers, des paysages à couper le souffle  !
(Au milieu des Rocheuses, entre Jasper et Banff)



Alberta - Parc national Jasper



Colombie-Britannique - Suzanne et Bryn, professionnels de la musique traditionnelle.
Je les ai rencontrés à leur domicile situé à 1000 mètres d'altitude.
Ils font connaitre la culture traditionnelle francophone aux enfants, dans les écoles.
(article du 21 juillet 2019)







Colombie-Britannique - La splendide maison de Suzanne et Bryn
au sommet de la montagne.



Île de Vancouver- Marcher sur le  sentier « Wild Pacific Trail »
et voir l'océan Pacifique.



Île de Vancouver- Marcher dans le « Parc Cathedral Grove » 
où se trouvent des arbres géants pouvant atteindre de 500 à 800 ans.



Et revenir à la maison: épuisé! 😵 mais combien heureux! 😃

dimanche 18 août 2019

Vous et moi

Je suis de retour à Shawinigan. C'est ici que je vis depuis quelques années seulement. C'est à Trois-Rivières que j'ai passé la plus grande partie de ma vie (plus de 40 ans). Je m'y suis installé vers l'âge de 18 ans pour y étudier d'abord, et pour y rester finalement. J'ai vécu les 18 premières années de ma vie à La Tuque, là où je suis né. Ce sont trois sont villes situées aux abords de la rivière St-Maurice. Toute ma vie, j'ai suivi cette rivière dans l'espace (entre La Tuque et Trois-Rivières) et elle m'a suivi dans le temps (je ne l'ai jamais perdu de vue).

Chez-nous, à Shawinigan, je vais régulièrement marcher sur la promenade du St-Maurice. Bel endroit pour se détendre ou pour réfléchir. Je prédis que ce sera plutôt pour réfléchir que je m'y promènerai dans les mois à venir. Francophones de l'Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, vous m'avez si bien nourri intellectuellement que je dois maintenant assimiler tout ce dont nous avons discuté avant d'écrire à nouveau au sujet de cette francophonie que vous faites vivre dans vos coins de pays respectifs.

La promenade du St-Maurice


La rivière St-Maurice à la hauteur de Shawinigan




Francophones du pays, je vous remercie du fond du cœur pour l'intérêt que vous avez démontré vis-à-vis ce projet " Rouler franco ". Je suis parti à votre rencontre dans un esprit d'ouverture, j'ai voulu établir avec vous des liens fraternels, et vous m'avez vous aussi accueilli avec cette même attitude. Cela a donné lieu à de beaux moments, à de riches discussions. Vous m'avez permis de vous découvrir.

Je remercie également tous mes lecteurs d'avoir pris le temps de lire mes articles écrits tantôt avec sérieux, tantôt avec folie. Me savoir lu me stimulait beaucoup. Merci d'avoir commenter mes articles sur ce blogue même, mais aussi par courriel, par messenger, par texto et sur Instagram.

Il y aura très probablement une suite à cette aventure. Quelle forme elle prendra? Je ne sais pas encore. Je vous en informerai lorsque cela deviendra plus clair. En attendant, vous pouvez toujours communiquer avec moi par courriel à l'adresse suivante: roulerfranco@gmail.com

Dolorès prendra congé, Norco, mon vélo, la remplacera pour quelque temps. Besoin de redonner du tonus à mes muscles et de l'amplitude à ma respiration. Lucien, lui, continuera d'écouter de la musique... Il adore!

Et si tout va comme prévu, je parcourrai les Maritimes l'été prochain, dans le même esprit...

Guy Pilote



En suivant la rivière St-Maurice pour se rendre à La Tuque.





mercredi 14 août 2019

Un havre de paix à North Bay

De Hearts à North Bay, c'est presque 7 heures de route. Fatigué, je m'arrête au Dreany Haven campground. Oui, c'est réellement un havre de paix.



À la réception, la très gentille propriétaire est francophone. Elle m'indique l'endroit où je pourrai m'installer. Petit rituel : après avoir pris possession de mon terrain, je m'empresse d'aller voir de quoi ont l'air les toilettes et les douches. Ici, tout est parfait !

C'est maintenant l'heure de préparer mon repas du souper. Sur le terrain d'à côté, deux femmes viennent rendre visite à ma voisine et je remarque qu'elles lui parlent en français! Les trois femmes discutent un moment, puis les deux visiteuses repartent. Ma voisine, Diane de son prénom, me jette un regard ouvert à la conversation. Je lui dis bonjour. Nous discutons quelques minutes, puis elle rentre dans sa roulotte.

Le souper est prêt, je m'installe pour manger. Une femme se présente soudainement à ma table de pique-nique et m'aborde ainsi: « vous êtes M. Pilote »? Je la regarde avec étonnement. Elle me dit: « Diane, à côté, m'a appelé et m'a dit : « Sylvie, il faut absolument que tu viennes parler avec M. Pilote, ça va t'intéresser ». Vous devinez qu'il est question de « Rouler franco ».

Sylvie est intervenante en apprentissage scolaire dans une école francophone. Elle aide les enseignantes dans le but de favoriser l'apprentissage des enfants qui ont des difficultés. On s'entend que les difficultés d'apprentissage, dans le contexte qui prévaut dans les écoles francophones, ne sont pas le fait de quelques exceptions. On sait que, selon les règles en vigueur, les écoles francophones doivent accepter dans leur rang les enfants qu'on appelle les « ayant droit », c'est-à-dire ceux qui ont un droit constitutionnel à une éducation francophone (généralement issus de parents ou de grands-parents ont reçu une éducation francophone). Beaucoup de ces enfants entendent parler en français pour la première fois lorsqu'ils arrivent à l'école, parce que le français n'est plus la langue d'usage dans leur famille. Certaines écoles admettent même des « non ayant droit » (aucune trace de français dans ces familles; cela fait d'ailleurs l'objet de grands débats actuellement), ce qui complique davantage la tâche des enseignantes et des intervenantes comme Sylvie. En fait, la plupart de ces enfants n'éprouvent pas de véritables difficultés d'apprentissage (intrinsèquement); leurs difficultés sont plutôt contextuelles, elles sont liées au fait que le programme n'est pas adapté à leur capacité réelle, tout simplement parce qu'ils ne possèdent pas les acquis nécessaires pour s'y conformer.

On a donc d'un côté des enfants dits « en difficulté » et de l'autre, des enfants issus de familles réellement francophones qui, eux, possèdent les acquis nécessaires. Ces derniers, malheureusement,  ne peuvent pas évoluer au rythme auquel ils le pourraient puisque l'application du programme francophone est ralentie par ce nombre important d'enfants qui n'ont pas les acquis nécessaires. De plus, les enfants francophones (ceux qui ont les acquis nécessaires), parce qu'on veut faire d'eux des enfants bilingues, doivent suivre le même programme d'anglais que suivent les enfants anglophones, alors que, logiquement, ces enfants devraient plutôt suivre programme d'anglais « langue seconde » qui serait mieux adapté à leur situation.  Les enfants francophones ont donc double charge... Ce que j'en apprends des choses avec Sylvie!

Diane, qui a été enseignante durant de nombreuses années 
et Sylvie, intervenante en apprentissage scolaire.

Mais ce n'est pas tout! Nous discutons ensuite d'un thème qui m'est cher: le lien entre langue et culture. Sylvie m'explique qu'en situation de minorité, l'aspect culturel que porte la langue française fait défaut. Je m'explique. Qui est Samuel de Champlain? Étienne Brûlé ? Qui sont les auteurs importants en littérature, théâtre, cinéma ? Ne baignant pas dans une culture francophone, les enfants ne pourront acquérir de la langue française que sa dimension utilitaire. Or, en contexte minoritaire, alors que la vie courante se vit en anglais, une langue limitée à ses aspects utilitaires ne peut pas résister longtemps. La majorité l'emporte, comme on dit. Pour pallier ce manque, l'école avait ajouté au cursus une dimension « construction identitaire » où des apprentissages sur le plan culturel devenait possible. Mais, me dit Sylvie, avec les coupures dans le domaine de l'éducation en Ontario, ce sont ces aspects du programme qui devront être abandonnés en premier... Ah! ce que j'en apprends encore avec Sylvie !

J'ai souvent souligné dans ce blogue l'importance pour les francophones d'avoir leurs propres écoles pour pouvoir offrir à leurs enfants une éducation en français. Encore faut-il que ces écoles soient en mesure de leur permettre d'acquérir une langue française qui l'est jusqu'à sa racine...

Autre observation de Sylvie: on sait que, de manière générale, les rapports parents-enfants et les méthodes éducatives ont beaucoup changé  au cours des dernières décennies. « Nous, me dit Sylvie, dans notre famille, parce que nous tenions à notre langue, nous exigions de nos enfants qu'ils l'adoptent à la maison et ailleurs lorsque nous le pouvions. Aujourd'hui, exiger, ce n'est plus très tendance...».

Ouf! Quand je pense que je ciblais un camping situé quelques kilomètres avant celui-ci et que j'ai finalement décidé de rouler encore un peu avant de m'arrêter. Quelle bonne intuition j'ai eu! Rencontre imprévue, rencontre tellement riche!

Merci Diane, merci Sylvie. Je repartirai avec une connaissance plus fine des enjeux auxquels les enseignantes et les intervenantes en milieu scolaire sont confrontés.










mardi 13 août 2019

Hearst, le petit miracle

Hearts demeure pour moi un mystère. Pourquoi le français parvient-il à se maintenir dans cette communauté? Je veux dire non seulement la communauté créée par les associations et les différents regroupements, comme je l'ai souvent vu, mais la communauté vivante, celle de la rue, du magasin, du restaurant... J'ai fait quelques lectures pour essayer d'identifier les facteurs en cause: historique de la ville, profil actuel selon statistique Canada, etc. Oui, j'en conviens, le fait que la majorité des citoyens (90%) de Hearst déclarent avoir le français comme langue maternelle est sans doute un facteur déterminant. Mais la majorité se déclare aussi bilingue et je n'ai pas vu encore une majorité de citoyens bilingues n'ait pas finalement adopter l'anglais, surtout dans le contexte où la ville est située dans une province très majoritairement anglophone. J'ai peine à croire que c'est seulement la force du nombre qui permet d'aboutir à ce résultat. Y a-t-il d'autres facteurs en cause?  Les plus jeunes conduiront-ils la ville vers un point de bascule, comme cela s'est souvent produit ailleurs? Je ne suis malheureusement pas resté assez longtemps à Hearst pour rencontrer des gens qui auraient pu m'expliquer ce qui se passe dans ce village gaulois. Quelqu'un peut-il m'expliquer?

Toujours est-il qu'à Hearts, je me suis senti chez nous. C'est comme si mon cerveau se faisait bercer. Prenez un enfant, bercez-le en fredonnant et il deviendra apte au bonheur. J'entends « le bonheur - joie de vivre », pas le bonheur que l'on achète et que l'on applique sur soi comme un vernis. Pareil pour mon cerveau! Lorsqu'il entend de toute part sa langue maternelle, il se met à secréter de l'ocytocine, et c'est tout mon être qui devient euphorique.

Un cerveau heureux fait alliance avec le cœur et le corps, et voilà que le regard change. C'est peut-être pour cette raison que j'ai soudainement eu envie de me faire une beauté...tout étant relatif. Jusqu'à ce moment, j'avais pris soin de Dolorès et de Lucien, mais trop peu de moi. Imaginez, deux mois sans me faire couper les cheveux...

Je me décide, j'entre chez Mary Ann et je lui fais part de mon désir. Elle jette un coup d'œil à son horloge et me dit: « si tu t'es prêt tout de suite, j'ai le temps »! Ah! Quel allégement! Merci beaucoup Mary Ann, tu es une pro!

Nathalie, ma coiffeuse bien aimée, à qui je suis fidèle depuis 13 ans, dis-toi qu'avec Mary Ann, ce n'était qu'une aventure...


Mary Ann dans son salon de coiffure
Mon passage à Hearst a été un moment heureux et une puissante poussée vers Shawinigan.


dimanche 11 août 2019

Le son des songes

« Le son des songes », c'est une très belle chanson de Richard Séguin (lien plus bas). Peut-être que je la trouve belle parce que je m'y reconnais... Enfin. Mais le son des songes, c'est aussi le son que j'aime entendre lorsque ma raison raisonnante est devenue prisonnière d'elle-même. La nuit porte conseil, dit-on. En fait, la nuit porte la voix de l'instinct, et l'instinct, c'est le meilleur ami de quiconque est confronté à ses limites.

À Kamloops, en Colombie-Britanique, après une bonne nuit de sommeil, j'ai senti qu'il était maintenant temps de rouler plus rapidement vers l'est. D'autres villes, d'autres gens, d'autres points de vues sur la francophonie, c'est ce que ma raison aurait voulu connaitre. Renoncement... parce que, je le répète, le temps est venu de rouler vers l'est! Je n'ai d'autres arguments que celui-ci : je le sens! Le ventre vaut bien le cerveau!

C'est à la suite de cette décision que je me suis rendu à Airdrie, en Alberta. J'avais déjà établi un contact avec Geneviève, celle que j'aime bien appeler « Geneviève la fidèle » (article du 6 août 2019). J'ai ensuite roulé jusqu'à Brooks, toujours en Alberta, et c'est là que j'ai rencontré les jeunes cyclistes. Et j'ai roulé encore et encore pour m'arrêter à Moosomin, en Saskatchewan,. J'avais le goût de dormir une autre fois dans cette province qui m'a fait vivre tant d'émotions (rappelez-vous: l'Assemblée communautaire fransaskoise, le festival fransaskois, le reportage de la fureteuse de Radio-Canada (Nicole Lavergne- Smith), la ferme de Martin Prince. Puis j'ai roulé vers Ste-Anne, au Manitoba, là où m'attendait Jacinthe et ses grenouilles (il est tellement beau son magazine Le Nénuphar - article du 7 août 2019).  Et le lendemain, j'ai roulé jusqu'à Dryden, ville qui marque le début du territoire ontarien. J'y ai dormi une nuit. C'est à Dryden qu'avait eu lieu ma rencontre avec Claire Drainville, cette femme qui s'est donnée pour l'amour de sa langue (article du 26 juin 2019). Puis je me suis rendu à Nipigon, point de rencontre de la route 17, qui longe le Lac Supérieur (que j'avais empruntée pour aller vers l'ouest) et de la route 11, que j'emprunterai pour visiter le Nord.

À Nipigon, soit dit en passant, le responsable du camping où je me suis installé est un type prévenant et organisé. Il pourrait louer un terrain de camping dans n'importe quelle langue. Tout est sur papier, tout est visuel: des plans, des pictogrammes, des dessins, des photos. Moi qui commence à être pas mal bon pour exprimer mes besoins en anglais lorsqu'il s'agit de louer terrain de camping...cette fois-ci, pas eu un seul mot à dire! Sinon un beau « tank you »! Je n'aurais pas pu le rencontrer au début de mon périple celui-là!

Le lendemain: route 11. On me l'avait décrite « difficile et ennuyeuse ». Que des épinettes, me disait-on. Bah ! je me suis déjà rendu deux fois jusqu'à Natashquan et, plus récemment, jusqu'à Kegaska, le nouveau point final de la route 138. Les épinettes, connais ça! Petit bonus: de très beaux lacs sur les bords de la 11.

Y a t-il quelques organismes dédiés à la francophonie sur cette route, avais-je demandé à Audrey Debruyne deux jours auparavant (par messenger)? Audrey, c'est la responsable du Centre culturel francophone de Thunder Bay. Elle aussi, elle est fidèle! Depuis notre rencontre, elle m'a souvent envoyé des informations pertinentes, comme ça, sans que je ne lui demande (merci Audrey!). Oui, me dit-elle, voici, voilà... Elle me parle notamment de Geraldton et de Longlac. J'ai alors tenté d'établir des contacts par courriel avec les responsables des organismes en question. Un peu à la dernière minute, j'en conviens. C'est l'été après tout! Eh non, je n'ai pas eu de retour... J'ai roulé et, une fois rendu dans le secteur, j'ai malgré tout décidé de passer devant le Centre culturel francophone de Geraldton, sans trop savoir si j'y trouverais présence. Personne. C'est encore l'été, il faut dire...

À Geraldton, je suis allé manger dans une petite binerie qui porte le nom de l'un de mes héros d'enfance...


J'en tenais aussi un autre pour héros, mais...pas vu. Dans ce village, pas d'homme masqué portant une cape noire et circulant à dos de cheval, je vous en assure. Cependant, chez Popeye, j'ai rencontré des francophones. Je dirais que la moitié des gens qui s'y trouvaient parlaient en français. Petite jasette avec trois dames sympatiques assises à la table à côté de la mienne. L'une d'elles, autrefois bibilothécaire dans une école francophone, s'est intéressée à mon projet. Elle est repartie avec l'adresse de mon blogue. C'est gentil. Merci madame! 

J'ai poursuivi ma route jusqu'à Hearst. Très intéressant Hearst ! Vous verrez.

En attendant, voici « Le son des songes »: https://www.youtube.com/watch?v=QQhkiSihVlI

mercredi 7 août 2019

Lucien le taquin

Ce matin, je ne trouvais plus ma montre. Fouille de fond en comble ma Dolorès, ne trouve pas... Cadeau d'un être cher, non ! il ne fallait pas... il ne fallait pas l'avoir perdue. Cherche, cherche encore. Tout à coup, j'y pense : c'est Lucien !
Voilà!


Ne vous inquiétez pas pour ma santé mentale, tout va bien. Juste un brin de folie!

Jacinthe et Le Nénuphar

Jacinthe habite à Sainte-Anne, une petite ville située à 40 km à l'est de Winnipeg. Elle a créé un magazine Web qu'elle a baptisé Le Nénuphar. Je le trouve beau, ce magazine! Pourquoi l'avoir nommé « Le Nénuphar » ? Explorez-le, vous découvrirez ! Mieux encore: abonnez-vous ! Une petite mine d'or à chaque mois, dans votre boite de réception courriel, et ce, gratuitement. Imaginez! Et par surcroît, vous encouragerez des gens qui travaillent pour la vitalté de la francophonie en situation de minorité.

https://www.magazinelenenuphar.com/

Jacinthe devant ses écrans ou devrais-je dire...ses étangs ! C'est ici que Le Nénuphar prend vie.

Jacinthe et moi avions communiqué il y a de cela quelques semaines, au sujet du Nénuphar bien entendu. Un secret pas du tout bien gardé: l'idée était d'explorer la possibilité d'une collaboration (chut! ce n'est pas parce qu'il est question du Nénuphar que nous allons tolérer le grenouillage!). Au moment de mon aller vers l'Ouest, Jacinthe était au Québec. « J'arrêterai au retour », lui avais-je promis. Me voilà!

Martini, vin, bière japonaise (Kirin Ichiban: excellente, soit dit en passant), délicieux souper, dodo dans un bon lit et deux brassées de lavage! Allons-y pour l'essentiel maintenant: des personnes uniques avec qui j'ai vécu un moment des plus agréables !

Jacinthe et son conjoint Yuki ont deux enfants, France et Vincent. France vit en appartement à Winnipeg, Vincent habite chez ses parents. Ces deux jeunes adultes sont des judokas de haut niveau. Ils ont étudié au Japon et y ont perfectionné leur judo avec de grands maitres. Ils sont trilingues, évidemment.
Jacinthe, Yuki et Vincent
Yuki, leur père, est aussi trilingue, et son français, pourtant troisième langue acquise, est absolument impeccable. L'une de ses réflexions à propos de son apprentissage du français m'a charmé au plus haut point. Il disait essentiellement ceci: « on ne peut comprendre et aimer une langue que si on peut saisir la culture qu'elle porte. Moi, c'est en écoutant Brel, Brassens, Aznavour que j'ai saisi l'essence de cette langue ». Voilà l'enjeu: la connaissance d'une langue passe par la connaissance de ses référents culturels. Opinion que partage Jacinthe. C'est d'ailleurs la première chose qu'elle m'a dite au sujet de l'intention qui l'anime lorsqu'elle crée le contenu du Nénuphar : fournir des référents. Elle me fait remarquer qu'un bon nombre de jeunes issus de la francophonie en situation de minorité, ne possédant pas ces référents culturels, ont de la difficulté à saisir les métaphores, les jeux de mots, la pensée symbolique. Elle a donc conçu des exercices pour aider les jeunes à acquérir cette capacité (vous les trouverez dans la section « Langue française »). Certains professeurs ont commencé à utiliser ces contenus comme outil pédagogique. Jacinthe espère que l'idée se répandra. De fait, je l'ai souvent dit dans ce blogue, une langue, c'est pas qu'un simple moyen de communication. Une langue, ça exprime et ça évoque. C'est souvent dans ce qu'elle évoque que se logent sa grandeur et sa beauté.

Vincent s'exprime à son tour. Pour lui, la langue française, qu'il maitrise très bien d'ailleurs, a le défaut de contenir trop d'exceptions, ce qui la rend inutilement complexe. À plusieurs égards, son point de vue se rapprochait de celui de la linguiste Maria Candea, que j'ai cité dans l'article du 31 juillet dernier (Les francophones de Nanaimo). Propos que j'ai souvent entendus chez les plus jeunes. L'argument: de nos jours, il y a tant à faire, tant à expérimenter, tant à vivre, pourquoi passer autant de temps à étudier les subtilités d'une langue qui n'ont aucune valeur ajoutée. Cette réflexion me ramène tout droit à ce beau passage du livre Les Barbares, essai sur la mutation, où l'auteur, Alessandro Barrico, dit ceci à propos de notre époque : « [...] ainsi s'est imposée l'idée que l'intensité du monde ne vient pas du sous-sol des choses, mais de la lumière d'une séquence dessinée à la hâte sur la surface de l'existant ». Le monde change ! Cela dit, ce qui m'importait le plus lors de cette soirée, c'est que le débat pouvait se tenir et qu'il se tenait avec rigueur et respect.

Ah ! mais quelle belle soirée j'ai passée en compagnie de cette petite famille aux esprits bouillonnants. Dans cette maison les mots ne manquent pas...

Merci pour votre accueil chaleureux.