jeudi 1 août 2019

Victoria, la capitale

J'entre dans la ville, GPS orienté vers la Société francophone de Victoria. Lui et moi travaillons en étroite collaboration. Rue trouvée, stationnement disponible, parcomètre identifié, tout va bien... Je glisse ma main dans mon sac pour trouver la monnaie nécessaire et, au même moment, j'entends: « bonjour Guy » ! Eh bien oui, je ne rêve pas,Valérie est là pour m'accueillir ! Non mais, pensez-y! Elle est venue à ma rencontre. Quel accueil!

Nous montons dans les locaux de la Société Francophone situés au deuxème étage d'un édifice. Michel est assis au bureau de l'accueil, il occupe cette fonction à titre de bénévole. Pauline, la directrice, est occupée pour le moment, elle se joindra à nous plus tard. Myriam est aussi présente. Myriam est une jeune employée temporaire qui assiste Valérie dans son rôle de coordonnatrice aux communications et aux activités culturelles. Elle est issue d'un milieu anglophone, ses parents ne parlent pas français. Elle a acquis son français grâce à programme scolaire d'immersion française. Quelques jours avant ma visite, j'ai eu l'occasion de discuter avec elle au téléphone. Très bel accueil, très bon français ! Son emploi à la Société lui permettra de poursuive son immersion.

Autour d'une table, Valérie, Myriam et moi commençons la discussion. D'abord mes questions d'usage: portrait de la francophonie à Victoria et dans ses environs, connaissance de l'organisme et de ses services, défis à relever. Et toi Valérie, qu'est-ce qui t'amène à Victoria? Différence d'accent...j'ai deviné qu'elle vient d'outre-mer. Elle me raconte brièvement son histoire (Valérie est d'origine belge) et me dit ceci: « comme vous dites au Québec, je suis tombée en amour avec Victoria ». Eh bien voilà ce que ça fait quand on tombe en amour: elle y est maintenant depuis 10 ans!

À mes côtés: Valérie, Pauline et Myriam.
Vous devinez que c'est Michel qui joue le rôle du photographe.
Pauline se joint à nous. Elle a du bagage, Pauline! Ça fait plus de 25 ans qu'elle oeuvre dans le domaine et ça parait. Elle me rappelle que Victoria a été largement occupée par des francophones, que le français et le chinook (langue parlée faite d'un mélange de langues autochtones, de français et d'anglais) ont été les langues dominantes jusqu'en 1859. La rue vers l'or, dans le canyon du Fraser et du Cariboo, a provoqué l'arrivée massive d'anglophones dans la région et c'est à ce moment que tout a basculé. L'anglais a pris le dessus.

Mais Pauline ne s'arrête pas là! Elle me fournit d'autres informations intéressantes. Vous savez que le maintien de la francophonie tient en grande partie à la possibilité de recevoir une éducation en français. Mais qu'advient-il du jeune et de son français après ses douze années d'études?

  • 33 % des jeunes qui fréquentent une école française conserveront un niveau de français jugé fonctionnel si leurs deux parents sont francophones;
  • 19% seulement le conserveront si un seul des parents est francophone (couples exogames);
  • mais il se trouve que chez les francophones en situation de minorité, 95% des couples sont exogames.
Facile de tirer une conclusion...

Pour expliquer les dangers réels qui menacent la langue française, Pauline fait référence à Rodrigue Landry, chercheur à l''Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (liens plus bas) et au concept de « masse socialisante ».  La « masse socialisante », c'est cette force qui nous avalent malgré nous. La majorité finit inévitablement par « créer le réel », un réel auquel la minorité devra inévitablement s'adapter.

Mais Pauline ne perd pas espoir. Elle est consciente de la portée et des limites des actions que peuvent poser les associations comme celle qu'elle dirige. Elle reconnait l'importance d'agir aussi sur le plan politique et sur le plan juridique, comme c'est justement le cas en Colombie-Britanique où, pour la première fois au Canada, la Cour suprême entendra une cause sur le droit à l'éducation en français (lien plus bas). Un jugement favorable aux plaigants pourrait changer potitivement le visage de la francophonie. Agir sur tous les plans (politique, juridique, social, culturel. etc.) et pas seulement pour dans le domaine de l'éducation. Agir aussi pour obtenir des services en français, agir pour un droit égal de vivre dans sa langue. Le français est une langue officielle, le français n'est pas « une deuxième langue officielle ».

Combien je suis reparti nourri de cette rencontre? Ça ne se compte pas! Je suis allé digérer le tout devant le parlement et sur la promenade du port...

Merci belle équipe de la SFV


http://continent.uottawa.ca/fr/equipe/collaborateurs/rodrigue-landry/

https://www.icrml.ca/fr/

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1163738/cour-supreme-education-francophonie-colombie-britannique-proces
Il y a de la vie aujourd'hui devant le British Colombia Parliament Buildings



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